Gestion de Classe

Chaque année scolaire, chacune des classes sera différente. Je me suis même rendu compte qu’il suffit qu’un seul élève soit absent pour que la dynamique et l’ambiance de classe change du tout au tout. Le créneau horaire a aussi son importance : avoir une classe le lundi de 8h à 9h et le vendredi de 15h à 16h n’est absolument pas la même chose. Du coup, c’est d’autant plus difficile de mettre en place une seule et unique manière de gérer la classe. Votre gestion de classe doit s’adapter en permanence. On peut vite se sentir dépassé donc je vous propose quelques pistes concrètes qui m’ont été très utiles. Evidemment, cela a marché dans ma situation et avec mes classes, mais il n’existe pas de recette miracle.

Se tenir à ce qu'on dit

Ce point est selon moi le point le plus important pour que les élèves vous prennent au sérieux et vous respectent. Si vous prévenez un élève, qu’au prochain écart, il aura un rapport ou une retenue, et qu’il recommence, il faut appliquer la sanction annoncée.

La sanction n’est pas une punition. Les règles sont connues à l’avance. L’élève est prévenu que tel comportement entraîne telle sanction. « La prochaine fois », « si tu recommences », « c’est la dernière fois », « c’est ta dernière chance » sont à éviter autant que possible, surtout en début d’année.

Fixer des règles précises et claires en début d'année

Certaines règles nous paraissent tellement évidentes, qu’on ne juge pas utile de les expliciter auprès d’une classe. Gardez en tête que ce n’est jamais si évident pour les élèves. Il vaut mieux tout expliciter, voire même tout mettre par écrit pour que les élèves puissent s’y référer en cas de besoin. J’ai, au fil de mes années d’enseignement, complété de plus en plus cette “fiche de règles” car je me rendais compte que certains points basiques n’étaient pas clairs pour les élèves. Par exemple, j’ai rencontré plusieurs élèves pour lesquels “prendre le cours et prendre les corrections” n’étaient pas évident. Donc j’ai dû également expliciter ce point en précisant que si le cours n’était pas pris correctement, il serait recopié en retenue.

Être juste

Les élèves tiennent beaucoup à ce point là. Il faut s’interdire de faire du favoritisme, de ne pas sanctionner les meilleurs élèves qui se permettent un manquement aux règles, d’être plus souple avec certains qu’avec d’autres. Si vous mettez en place une sanction précise pour le non-respect d’une règle, il faut garder en tête que quel que soit l’élève concerné, il faudra toujours prendre la même décision. Vous avez le droit d’avoir des “élèves préférés” mais il ne faut surtout pas le montrer ni aux élèves en question ni aux autres. Je me répète souvent que, nous enseignants, nous ne sommes pas là pour les “aimer” ou se “faire aimer”, nous sommes là pour leur enseigner des choses. Cette idée de justice est aussi à appliquer pour la notation. Pour cela, je mets en place des barèmes extrêmement précis qui ne laissent aucune place à la subjectivité. Mettre des notes justes et en adéquation avec le niveau des élèves est indispensable. A contrario, mettre de bonnes notes pour garantir une paix sociale pendant vos cours est une mauvaise idée. Les élèves le sauront et ne vous respecteront pas en tant qu’enseignant.

Votre posture en tant qu'enseignant

La posture enseignante, ça se travaille. C’est tellement important et je le vois lors des conseils de classe, lorsque chaque collègue donne son avis sur le profil de la classe. Une même classe peut être décrite comme “sérieuse, agréable et attentive” par un collègue et “immature et dispersée” par un autre collègue. Cela prouve à quel point chaque enseignant a un impact sur l’attitude et le comportement de sa classe. Evidemment, d’autres facteurs entrent en compte, particulièrement les coefficients de la discipline enseignée et le nombre d’heures de cours hebdomadaires.

J’ai commencé à travailler en tant que professeur stagiaire (avec zéro expérience préalable dans une salle de classe). J’angoissais et je ne savais absolument pas si j’allais être capable d’adopter la posture d’un professeur. J’avais 23 ans, j’en faisais 18 et, que ce soient les élèves ou l’administration, on me prenait pour une élève. Donc ça n’a pas été facile. 

Après l’obtention du CAPET et mon affectation à 300km de chez moi, j’ai rencontré ma tutrice, qui m’a accompagnée tout au long de cette première année scolaire et qui m’a donné de précieux conseils que j’applique encore aujourd’hui. Le meilleur conseil que j’ai reçu a été le suivant : Ne pas trop sourire, surtout quand on débute. Tout le monde ne sera pas d’accord avec ce conseil, mais personnellement, je suis convaincue que cela fonctionne. Un enseignant très souriant peut envoyer un mauvais message à certains élèves “Il a l’air sympa (pour les élèves, “sympa” est parfois synonyme de “laxiste”), on va pouvoir en profiter“.  De ce fait, en début d’année il vaut mieux afficher une certaine distance pour ne pas laisser les élèves “prendre le dessus”.

J’applique ce conseil chaque année. Le fait d’être plus strict et distant en début d’année, de ne rien laisser passer, permet de poser une base saine et un cadre de travail profitable pour la suite de l’année scolaire. Ensuite au fil des semaines et des mois, je me permets d’être plus souriante, de plaisanter avec mes élèves, etc. Je suis convaincue que c’est principalement grâce à cela que les années scolaires se passent sans (gros) problème de discipline. Evidemment, certaines classes sont plus difficiles que d’autres et avec du recul, je me dis uniquement que pour ces classes là, j’aurais dû rester stricte et distante plus longtemps voire toute l’année scolaire. Ca aurait été bien plus facile au quotidien.

Gardez à l’esprit qu’il vaut mieux être très strict en début d’année puis “lâcher du lest” ensuite. L’inverse est quasiment impossible, si vous êtes très cool en début d’année, la classe vous empêchera de lui imposer un cadre strict par la suite. Enfin, je précise également, qu’on peut être strict et humain. Etre strict, à mon sens, c’est avoir des règles précises et exiger qu’elles soient respectées par chacun des élèves. 

La voix

Le volume de votre voix a également son importance. Si vous devez constamment faire l’effort de parler fort, c’est qu’il y a un problème. En plus, vous allez fatiguer votre voix et vous ne tiendrez pas toute une journée de cours.

Hausser le ton, peut s’avérer utile mais il faut que ce soit ponctuel. Lorsque j’ai trop de bruit, je me tais et j’attends. Un regard appuyé vers l’élève ou les élèves qui posent problème suffit généralement pour les calmer. Si ça ne suffit pas, il faut sanctionner. On peut se dire que cela va nous faire perdre du temps à chaque séance, mais au bout de 2 ou 3 séances à peine, généralement il n’y aura plus de problème à ce niveau là et au final ce “temps perdu” vous aura permis d’en gagner par la suite.

Crier à chaque séance n’est pas une solution viable à long terme. Les élèves vont s’y habituer et pour eux ce volume sera “normal”. Les quelques fois où j’ai vraiment dû crier (car un élève avait dépassé les limites), cela a fait son effet, car ça n’arrive jamais.

Enfin, l’intonation de la voix et le débit sont aussi importants. Le dynamisme (et l’énergie) que vous allez investir vont vous permettre d’intéresser vos élèves. Il vaut mieux utiliser cette énergie pour rendre vos cours vivants plutôt que pour faire de la discipline.

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